Planification stratégique d’une fusion
La planification stratégique est nécessaire pour comprendre où l’entreprise doit se diriger et pour mettre en œuvre les moyens afin d’atteindre la cible.
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Une action peut-être bénéfique pour une entreprise alors qu’elle est néfaste pour l’autre. Pour être garante de succès, une stratégie doit prendre en compte les variables de l’entreprise, ses fonctions et son environnement. Cette analyse permet non seulement à l’entreprise de comprendre quels sont le ou les problèmes qu’elle doit résoudre, mais l’aide plus fondamentalement à consolider sa mission, ses valeurs, sa raison d’être. Cette consolidation permet à la haute direction d’une entreprise de concevoir les stratégies directrices, les stratégies d’affaires et les stratégies fonctionnelles appropriées, tout en permettant à ses membres d’avoir des points de repère concrets afin de travailler dans la synergie d’une même direction. Il est à noter que la mission d’une entreprise est une notion tellement évidente qu’elle passe souvent inaperçue. Un peu comme le verbe être.
La planification stratégique est nécessaire pour comprendre où l’entreprise doit se diriger et pour mettre en œuvre les moyens afin d’atteindre la cible. Cette réalité implique que deux entreprises qui œuvrent dans le même secteur peuvent le faire avec des philosophies différentes. Dans le cas de l’industrie automobile, par exemple, les stratégies directrices et les stratégies d’affaires de Ford, Toyota et GM ne sont pas les mêmes. Supposons que des rumeurs courent quant à l’éventualité d’une fusion entre Ford et Toyota, comment GM devrait-elle agir (ou réagir)?
Dans un premier temps, je pense qu’il serait nécessaire que GM évalue les chances de succès de cette fusion à l’aide de recherche en marketing. La collecte et l’analyse de données secondaires afin de comparer des fusions similaires pourraient être réalisées. L’étude approfondie des causes du non-succès de la fusion Chrysler-Daimler pourrait être très révélatrice. Quelles sont les raisons pour lesquelles les missions des deux entreprises n’ont pas convergé? Est-ce que le remplacement de plusieurs directeurs de Chrysler par les Allemands de Daimler était justifié? Fallait-il revigorer le leadership de la haute direction? Les Allemands et les Américains ont-ils sous-estimé la dimension humaine de ce changement? Ont-ils omis de redéfinir une stratégie de valeurs communes face à la tentation d’un accroissement des parts de marchés? Le but de Daimler était-il vraiment de s’associer avec Chrysler ou ne cherchait-il pas à en éliminer la concurrence à moyen terme? Toutes ces questions, et bien d’autres encore, pourraient servir à éclairer les perspectives du succès ou de non-succès de la fusion de Toyota et de Ford.
Dans un deuxième temps, je pense qu’il serait important que GM utilise des méthodes prévisionnelles quantitatives et qualitatives afin de déterminer l’influence d’une fusion éventuelle entre Toyota et Ford sur le marché de l’automobile. À l’aide d’une analyse MOFF, GM pourrait projeter les forces et les faiblesses d’une telle alliance, ses menaces, ainsi que les opportunités d’affaires potentielles. De plus, GM pourrait créer des scénarios concernant l’impact de cette alliance sur l’environnement de son entreprise. Les Américains auraient-ils tendance à faire davantage confiance aux marques japonaises, ce qui aurait pour incidence de faire augmenter la part du marché de Toyota aux États-Unis? Comment le partage des technologies japonaises et américaines influencerait-il la production d’automobiles? Est-ce que cette alliance pourrait favoriser l’implantation d’usines japonaises en sol américain et vice-versa? Quelles seraient les retombées politiques d’un tel transfert? Le fait que Ford mette un pied au Japon ne lui permettrait-il pas de se rapprocher des marchés émergents de l’Asie comme celui de la Chine? Quel serait l’impact de la complémentarité des secteurs d’activités de Ford et de Toyota? Comment influencerait-il les stratégies d’affaires des deux entreprises? Les résultats de ces analyses aideraient GM à mieux comprendre les avantages concurrentiels que permettrait la fusion des entreprises japonaises et américaines.
Dans un troisième temps, je pense qu’il serait important que GM prenne le temps d’analyser la situation actuelle de l’entreprise et qu’elle fasse des études afin de comprendre les tendances du marché. L’analyse de son portefeuille et la mise en place de méthodes de rétroaction pourraient être utilisées afin de mesurer la pertinence des stratégies actuelles et d’en déterminer les forces et les faiblesses. L’entreprise devrait aussi se questionner sur l’influence des variables de l’environnement (l’économie, la concurrence, la politique, la technologie, la sociologie, et la géographie) sur celle-ci, sans oublier de se comparer à ses compétiteurs (Ford et Toyota) afin de mieux comprendre les facteurs qu’elle doit améliorer et comment elle peut le faire.
La compilation de tous ces résultats permettrait à GM de se positionner face à son problème et de mieux comprendre :
- les conditions de succès d’une fusion d’entreprises;
- si les stratégies directrices et les stratégies d’affaires actuelles seront aussi compétitives dans un contexte de fusion d’entreprises concurrentes; et
- s’il faut consolider les stratégies actuelles ou bien s’il faut les réévaluer.