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Organisations et nouvelles technologies

Les organisations québécoises subissent la technologie plutôt que de la maîtriser et elles utilisent des applications plutôt que de les concevoir.

Publié le 4 minutes de lecture
Organisations et nouvelles technologies - kinaze
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Table des matières

La plupart des organisations au Québec maintiennent des systèmes plutôt que les développer. Les organisations québécoises subissent la technologie plutôt que de la maîtriser et elles utilisent des applications plutôt que de les concevoir. Ça pose un problème vraiment intéressant. Est-ce que les fournisseurs d’applications développent des applications qui répondent vraiment aux besoins de leurs clients ou bien ne font-ils que leur vendre l’expertise qu’ils maîtrisent? Car développer une application non-générique qui répond spécifiquement aux stratégies d’affaires ou aux modes de gestion d’une organisation coûte beaucoup d’argent. Faut-il dépenser plus de sous pour personnaliser une application, ou bien économiser son argent pour la dépenser ailleurs?

Une entreprise peut-elle vraiment faire confiance aux développeurs d’applications qu’elle engage à l’externe? Ce n’est pas que ces développeurs ne possèdent pas l’expertise nécessaire pour créer de très bonnes applications, mais plutôt que le travail de leurs analystes est de mettre en place des solutions qui répondent non seulement aux besoins de leurs clients, mais qui permettent, plus fondamentalement, à leurs organisations d’être rentables… C’est ainsi que certaines technologies peuvent être favorisées au détriment d’autres technologies sous prétexte qu’elles sont «plus matures» alors qu’en fait, elles sont plus rentables pour l’entreprise qui les développe.

Il y a une véritable frontière entre les entreprises qui développent des applications et celles qui les utilisent. Malheureusement, il me semble que plusieurs gestionnaires de petites et moyennes entreprises qui utilisent des technologies n’ont pas les compétences nécessaires afin de comprendre réellement ce que les fournisseurs d’applications leur proposent. Et ils prennent des décisions comme on boit un café lorsqu’on est encore endormie d’une nuit trop courte.

C’est plus utille d’être pratique que d’être raffiné

L’année passée, dans le cadre de mon travail de consultation, j’ai fait un rapport d’analyse et de recommandations à propos du site Web d’une organisation à but non lucratif de Montréal. Ça faisait seulement un an que l’organisme avait fait faire son site qu’elle éprouvait déjà des problèmes. Beaucoup de problèmes. Et elle avait payé très cher pour une solution qui ne répondait pas à ses besoins. En fait, je pense qu’elle ne comprenait même pas ses besoins, mais c’est un autre problème. Toujours est-il que l’organisation s’était fait produire un site en .net alors qu’elle n’avait pas besoin de la puissance de cette technologie. En plus d’être inutile, cette «puissance» était très nuisible, car elle coûtait cher à maintenir.

Comme dans le cas de beaucoup d’autres solutions Web développées pour de petites et moyennes entreprises, tous les sous avaient été dépensés dans la technologie plutôt que dans l’analyse des stratégies à adopter et dans la mise en place d’objectifs à atteindre. Le problème est que l’organisation avait de l’argent à dépenser «maintenant» et qu’il fallait qu’elle la dépense «maintenant». Bien entendu, elle avait reçu une généreuse subvention de notre valeureux gouvernement qui dépense de l’argent pour se faire réélire et qui augmente les impôts ou le prix de l’électricité lorsque sa mission est accomplie.

Prendre au sérieux le commerce électronique

J’ai l’impression que le Québec au complet est endormi au gaz lacrymogène. Notre système d’éducation ne favorise pas encore assez l’apprentissage et l’utilisation des technologies. La technologie appartient encore au monde péjoratif de la technique et il me semble que ceci à un impact sur notre société. En 1999, le Québec avait une belle longueur d’avance dans les technologies du Web. Je me souviens, j’enseignais comment faire des sites Web en plein centre-ville de Montréal, au coin McGill College et Sainte-Catherine. Une multitude de Français venait étudier dans l’établissement où je travaillais, car la France était en retard à l’époque. Après 10 ans, que s’est-il passé? Je ne sais pas trop si la France comprend le Web mieux que le Québec, mais je sais qu’on dit du commerce électronique qu’il lève au Québec parce que les gens achètent plus de bébelles sur le Web et non parce que de plus en plus d’entreprises québécoises pratiquent les affaires électroniques.

Infopresse – Commerce électronique | Source: YouTube

Notre gouvernement ne prend pas assez au sérieux le commerce électronique. Le Web est tout au plus un remède afin de diminuer les coûts des dépenses publicitaires qui coûtent trop cher. C’est un pansement qu’on met sur une jambe cassée.

D’une part, les agences de marketing traditionnelles se sont emparées du Web pendant trop longtemps, et elles en ont fait un cirque de tape à l’oeil insignifiant pour justifier les coûts de leurs services. D’autre part, les directions informatiques de plusieurs organisations ont délaissé le Web, car le médium est trop promotionnel pour leurs goûts cartésiens. De toute façon, selon l’informatique, tout ce qui concerne l’extérieur de l’organisation relève du marketing et le marketing ne connaît rien à l’informatique. Un serpent qui se mange la queue. Le Québec à manqué sa chance de devenir un joueur important dans l’industrie du Web. Nos entreprises utilisent les technologies plutôt que de les développer, mais malheureusement : elles ont oublié d’apprendre à s’en servir.

Une chance que nous avons les jeux vidéo.

L’image d’Ouroboros provient du site d’APTM.com

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