Microsoft, Netscape et Google
Il ne sert à rien d’améliorer un produit si celui-ci ne répond pas aux besoins de son milieu.
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Quel que soit le modèle de gestion privilégié par une entreprise, le processus de transformation propre à la systémique de l’entreprise est toujours plus ou moins influencé par des facteurs internes (fonctions d’entreprise) et des facteurs externes (partenaires, facteurs environnementaux). Puisque l’entreprise n’est pas un système refermé sur lui-même et que son but ultime est de vendre un extrant (produit ou service), les fonctions d’entreprise sont perpétuellement influencées par des facteurs externes qu’elle ne peut pas régir. En d’autres mots, même si les facteurs internes d’une entreprise sont beaucoup plus faciles à gérer que les facteurs externes, ils sont constamment influencés par l’interaction avec ces derniers. C’est ainsi que, même si une entreprise se dote de politiques internes afin de « contrôler » les objectifs des fonctions qui lui permettent de transformer des intrants en extrants, il lui faudra aussi prendre en compte ses partenaires externes (l’évolution des besoins de ses clients, des menaces de la concurrence, des nouvelles réglementations gouvernementales) ou bien les facteurs externes de son environnement (vieillissement de la population, mondialisation, manque de main-d’œuvre
qualifiée, récession, régime politique instable, privatisation, changements technologiques) afin d’évaluer et d’améliorer la pertinence de ces objectifs.
Ce mode de rétroaction est fondamental au bon fonctionnement d’une entreprise et je crois que sa pratique caractérise le gestionnaire du futur tout comme celui du passé. Sans cet exercice de vigie, une entreprise ne peut pas valider la pertinence ou bien l’atteinte des objectifs qu’elle s’est fixés, et faire les modifications nécessaires à son bon fonctionnement.
Théoriquement, la vision chaotique du monde en perpétuel changement que propose James Clark et de laquelle semble découler une philosophie de gestion évolutive me semble beaucoup plus séduisante que l’« immobilisme intemporel » de Bill Gates. De prime abord, il me semble difficile de concevoir que les méthodes futures de gestion d’une entreprise puissent ressembler en tout point aux méthodes du présent, à moins, justement, que ces méthodes actuelles soient perpétuellement influencées par des facteurs externes, difficilement contrôlables.
C’est peut-être ici que se cache la force de Bill Gates : le mode de gestion futur d’une entreprise peut ressembler en tout point à celui du présent si les fonctions de son système et les interrelations de ses sous-systèmes sont constamment réévaluées en rapport aux indicateurs de son milieu. Voilà peut-être la raison pour laquelle l’Internet Explorer
de Gates a finalement supplanté le Netscape Navigator de Clark : il ne sert à rien d’améliorer un produit si celui-ci ne répond pas aux besoins de son milieu.
En essayant de peaufiner sans relâche une solution parfaite, Clark a peut-être oublié que son système n’était pas un système clos : l’évolution de son extrant l’a empêché de réagir quant à l’évolution de son milieu. Fin gestionnaire, Bill Gates a préféré tenir compte des facteurs économiques, politiques, juridiques, socioculturels et technologiques de son temps afin d’atteindre les objectifs qu’il s’était fixés. En gérant les fonctions internes de son entreprise, tout en en tenant compte des facteurs externes les influençant, Gates a conçu un extrant qui, loin d’être parfait, demeure encore le fureteur Web le plus populaire en 2008.
Reste maintenant à savoir quelles seront les stratégies que Microsoft déploiera afin de rivaliser avec des compagnies comme Mozilla et Google qui, en plus d’offrir des extrants de qualité comme Firefox et Google Chrome, semblent s’être dotées de modes de gestion beaucoup plus adaptés au rythme frénétique des développements technologiques décentralisés de notre époque.