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Les risques du cloud computing

Quels sont les facteurs à considérer pour choisir (ou non) d’utiliser le « cloud computing » dans son organisation?

Publié le 9 minutes de lecture
Les risques du cloud computing - kinaze
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Table des matières

Le « cloud computing » (ou informatique dans les nuages, ou informatique dématérialisée) est de plus en plus populaire et il semble que cette popularité ne soit pas une mode passagère. Déjà, en 2006, Gartner prévoyait que plus de 25% des logiciels qui utilisés en 2011 seraient des applications d’informatique dématérialisée. J’examinerai aujourd’hui ce qu’est l’informatique dématérialisée et quels en sont les avantages et les inconvénients. Cette réflexion me permettra de proposer des facteurs à considérer pour choisir (ou non) d’utiliser le « cloud computing » dans son organisation. Comme nous le verrons, la gestion du risque relié à l’utilisation de l’informatique dans les nuages ne doit pas être prise à la légère.

Qu’est-ce que le « cloud computing » ?

Du point de vue technique, l’informatique dématérialisée est essentiellement l’utilisation du réseau Internet afin de combler des besoins en informatique. Au lieu de passer par un ordinateur local pour accéder à des services informatiques, on passe tout simplement par les nuages virtuels de l’informatique dématérialisée où sont branchés des ordinateurs en réseau. L’ordinateur de bureau n’est plus qu’un lieu de passage pour accéder à des services qui sont sur le Web. Les nuages de l’informatique dématérialisée sont donc essentiellement une métaphore pour vulgariser la complexité de ce qui se passe avec l’information des organisations dans les réseaux virtuels du Web.

Cloud Computing Explained | Source: Youtube

Le modèle d’affaires de l’informatique dématérialisé est fondé sur la location de services sur le Web. Ces services en ligne peuvent être des infrastructures (IaaS – Infrastructure as a service), des plateformes (PaaS – Platform as a service) ou des logiciels (SaaS – Software as a service). Avec la popularité du Web 2.0, ce sont surtout les services de logiciels de « cloud computing » qui retiennent l’attention du grand public. L’ensemble des applications de Google pour la gestion des opérations (Google apps), les suites de management de 37signals ou bien l’outil de gestion des relations clients (CRM) de Salesforce sont de bons exemples d’applications dans les nuages. Certains sont gratuits (pour combien de temps?), d’autres coûtent plus ou moins d’argent tout dépendant de la fréquence de leur utilisation, mais tous ont la particularité d’être localisés virtuellement sur le Web et non pas physiquement dans un ordinateur. Il est important de comprendre que l’informatique dématérialisée rend l’information des organisations disponible à l’extérieur de celles-ci.

Les avantages du « cloud computing »

L’informatique dématérialisée est extensible, car on peut faire grandir le réseau ou rapetisser le réseau qui en alimente les systèmes, tout dépendant des besoins des organisations. C’est ainsi qu’une organisation peut accéder à la puissance des systèmes informatiques seulement quand elle en a besoin. On peut comparer l’extensibilité du « cloud computing » à notre consommation d’électricité. En hiver, lorsqu’il fait froid, nous avons besoin de consommer plus d’électricité pour nous réchauffer alors qu’en été nous diminuons notre consommation d’énergie. Pour le dire autrement, à quoi bon acheter un taxi lorsqu’on peut se contenter de le payer seulement quand on l’utilise. Cette extensibilité confère une dimension écologique à l’utilisation de l’informatique dématérialisée.

L’informatique dans les nuages est aussi instantanée. Tel un interrupteur électrique, ses services peuvent être déployés « maintenant » quand une organisation en a besoin. Contrairement aux solutions maison qui prennent souvent du temps à déployer, les solutions de l’informatique virtuelle peuvent être mises en place rapidement et sont parfaitement adaptées à l’environnement rapide d’une économie globale.

L’extensibilité et l’instantanéité du « cloud computing » permettent aux organisations de réduire les coûts dans la mise en place de leurs systèmes d’information. Au niveau des équipements, les organisations peuvent réduire leurs dépenses d’achats dans les systèmes qui sont peu utilisés. Au niveau des ressources, puisque les systèmes sont virtuels, les employés n’ont pas besoin de les maintenir et n’ont même pas besoin d’en connaître les langages de programmation. C’est ainsi qu’ils peuvent consacrer leur temps à des tâches beaucoup plus importantes pour la survie de l’organisation.

Les inconvénients du « cloud computing »

Les principales critiques du « cloud computing » concernent sa stabilité et sa sécurité. Qu’est-ce qui se passe dans les nuages des réseaux de l’informatique dématérialisée? L’utilisation de l’informatique dans les nuages comporte un double problème de propriété : la propriété des systèmes d’information et la propriété des informations de ces systèmes.

L’avantage de la virtualité des systèmes d’information de « cloud computing » est aussi un désavantage, car elle force l’organisation à dépendre de l’extérieur. Cette dépendance à un troisième parti peut favoriser l’instabilité au sein d’une organisation. D’une part, une organisation n’a aucun contrôle sur les développements futurs des services virtuels de son fournisseur externe. Qu’arrive-t-il si le fournisseur décide de mettre fin au développement de son service? Ou bien si de nouveaux développements rendent incompatibles les services loués avec les systèmes de l’organisation? Ou bien si le fournisseur se fait acheter par une autre entité qui décide d’en saboter les développements afin de favoriser une autre solution? Ou bien si de nouveaux développements D’autre part, il est impossible pour une organisation de surveiller les opérations de ses fournisseurs de services virtuels. Comment une organisation peut-elle savoir si un fournisseur prend vraiment au sérieux le contrôle de ses opérations? Et de toute façon, la virtualité et la décentralisation des services du fournisseur rendent difficiles le contrôle des opérations, même de l’interne.

Où est donc située l’information de l’informatique dématérialisée? Dans les nuages, mais où dans les nuages? Et qui a donc accès à ces fameux nuages? Bien qu’il soit faible, [le risque d’intrusion des systèmes d’information par des pirates informatiques mal intentionnés est une réalité][6]. L’attaque des réseaux informatiques des nuages et la mise hors fonction de leurs services virtuels sont des risques préoccupants : l’absence d’un service pendant quelques minutes peut signifier la perte de plusieurs millions de dollars pour une organisation. L’accès aux bases de données des informations qui transitent dans les nuages lorsqu’elles se retrouvent dans les ordinateurs des fournisseurs de services est encore plus inquiétant. Car s’il est difficile de s’introduire dans les systèmes virtuels de l’informatique dématérialisée, il peut être beaucoup plus facile de le faire une fois que l’information n’est plus dans les nuages.

L’importance et les limites des politiques de confidentialité

Il est extrêmement important de s’informer des politiques de confidentialité des fournisseurs de services de « cloud computing » avant d’en utiliser les services. La question de la territorialité des serveurs et des bases de données sur lesquels transitent ou sont stockées les informations ne doit pas être prise à la légère. Un Canadien qui utilise les services d’informatique virtuelle d’une entreprise américaine doit non seulement s’informer des politiques et des lois d’accès à l’information aux États-Unis, mais doit aussi comprendre si ces règles s’appliquent aussi au Canada. Ce qui complique les choses est qu’à l’ère d’une économie globale et mondiale, il n’est pas rare qu’un fournisseur de services de « cloud computing » américain utilise des serveurs et des bases de données localisés en Inde ou en Europe de l’Est. Quelles sont les politiques de confidentialité qui priment? Celles des États-Unis ou celles des pays dans lesquels transitent ou sont stockées les informations? Il peut être extrêmement compliqué de déterminer qui sont les responsables en cas de désastre, ce qui n’est pas près de rassurer les organisations qui utilisent des services d’informatique virtuelle ou leurs clients, avec qui elles font affaires.

Prendre le risque d’utiliser les services du « cloud computing » dans son entreprise?

Malgré les risques et les inconvénients de l’informatique dématérialisée, il est incontestable que ses avantages peuvent procurer un effet de levier aux entreprises qui en utilisent les services. La question de savoir si le désavantage de l’insécurité des systèmes d’information de l’informatique dématérialisée est plus important que l’avantage de la réduction de leurs coûts d’opérations est un faux débat qui ne peut pas être résolu. Le noir sera toujours noir et le blanc, toujours blanc.

Afin de nuancer ce débat, le Gardien Virtuel propose une méthode pour aider les entreprises à choisir d’utiliser (ou non) l’informatique dans les nuages. Avant même de réfléchir au « cloud computing », les entreprises doivent déterminer quels sont les services qui sont essentiels à la réalisation de leur mission et quels sont les services qui n’ont qu’un rôle de soutien à la réalisation de cette mission. Puisque les services de soutien sont moins importants que les services de mission, il pourrait être envisagé de profiter des avantages du « cloud computing » pour ceux-ci, tout en prenant le risque calculé d’être pénalisé par les désavantages de ses inconvénients. C’est ainsi qu’il serait préférable de ne pas utiliser l’informatique dématérialisée pour les systèmes d’information de la vente s’ils sont essentiels au succès des stratégies d’affaires d’une entreprise. L’interruption de ce service ou l’accès de l’information par un troisième parti pourrait avoir des conséquences désastreuses pour l’organisation. Dans le même sens, il pourrait être déterminé que l’importance du service de courrier électronique qu’utilisent les employés est secondaire, que son interruption éventuelle ne serait pas désastreuse au bon fonctionnement de l’entreprise, et donc qu’il serait envisageable que l’infrastructure de ce système d’information réside dans les nuages de l’informatique dématérialisée.

La décision d’utiliser ou non les systèmes d’information du « cloud computing » repose sur l’analyse des risques inhérents à cette utilisation. Une entreprise qui veut utiliser les services du « cloud computing » doit se demander si la responsabilité des risques du « cloud computing » n’est qu’un contrat entre elle et son fournisseur (B2B) ou bien si elle fait aussi partager ce risque à ses clients externes (B2C). Lorsque l’informatique dématérialisée ne concerne que les opérations internes de l’entreprise, celle-ci peut déterminer jusqu’à quel point elle est prête à partager les risques avec son fournisseur afin de profiter de l’effet de levier des avantages du « cloud computing ». Il semble cependant qu’il soit beaucoup plus délicat de faire partager ce risque aux clients externes de l’entreprise. Si, par exemple, un client veut faire un achat en ligne chez Futureshop, c’est avec Futureshop qu’il veut faire affaire et non pas avec le fournisseur de service transactionnel de Futureshop.

Quelle est votre expérience avec l’informatique dans les nuages? Est-ce que votre organisation utilise des applications de cloud computing? Est-ce que vous pensez qu’il serait préférable que certaines informations de votre organisation ne se retrouvent pas dans les nuages? Si oui, lesquelles et pourquoi? Finalement, est-ce que votre organisation possède une politique de sécurité informatique? N’hésitez pas à laisser vos commentaires.

La photo des nuages provient de la collection personnelle d’Ali Kinaze

[6]: http://evilpacket.net/2009/jul/9/basecamp- one-wrong-click/

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